La santé financière des associations : un constat alarmant
Rassemblement départemental à Gap au kiosque de la Pépinière le 1er juillet à midi
L’Udess05, réseau des organisations de l’Économie Sociale et Solidaire des Hautes-Alpes réunie en assemblée générale le 21 mai 2025, est très inquiète de la situation économique et financière actuelle des associations locales.
À l’image de la situation nationale, les organisations locales n’échappent pas aux coupes budgétaires et à la conjoncture morose.
En résonance avec l'appel national du Collectif des Associations Citoyennes, ils organisent une grande mobilisation en faveur des associations mardi 1er juillet à 12h au kiosque de la Pépinière à Gap.
Au niveau national
(texte repris de https://lemouvementassociatif.org/la-sante-financiere-des-associations-un-constat-alarmant/)
Une étude visant à évaluer l’impact des baisses de financement annoncées sur le secteur associatif a été réalisée en mars 2025 au niveau national. Cette enquête a recueilli près de 5 557 témoignages de dirigeant.e.s associatifs, constituant un échantillon national représentatif d’associations de toutes tailles, tous secteurs d’activités et toutes régions. En voici les principaux résultats et enseignements.
Une trésorerie à rude épreuve
Près d’un tiers des associations employeuses (31 %) disposent d’une trésorerie inférieure à trois mois, les rendant particulièrement vulnérables. Plus de la moitié signalent des problèmes de trésorerie (23 % de manière récurrente, 31 % de manière ponctuelle), et 69 % des associations employeuses déclarent que le montant de leurs fonds propres en mars 2025 est fragile ou nul.
Pour répondre à ces problématiques, beaucoup d’associations demeurent sans solution (38% des employeuses) tandis que d’autres cherchent des solutions par la négociation (68%) ou se tournent vers des emprunts bancaires (35%). Ces données illustrent la mise sous tension des budgets associatifs, notamment en raison des décalages budgétaires, et soulignent la grande vulnérabilité économique des associations.
Des financements incertains ou à la baisse
Alors que près de la moitié des renouvellements de subvention n’ont pas encore abouti, 5 % des demandes ont d’ores et déjà été refusées. Parmi les subventions attribuées, 25 % sont en légère baisse et 20 % en forte baisse. Cette diminution des financements concerne l’ensemble des bailleurs : État, collectivités et financeurs privés (fondations et entreprises).
En revanche, la capacité de dialogue varie selon les régions. On observe un dialogue insatisfaisant, voire inexistant, en Pays de la Loire (71 %), PACA (67 %) et Auvergne-Rhône-Alpes (60 %), alors même que la situation nécessiterait un renforcement des échanges.
Des conséquences délétères sur les activités
La conjoncture oblige les associations à réduire leurs activités :
• 28 % des associations déclarent diminuer leurs activités ;
• 22 % des associations non employeuses vont jusqu’à annuler certaines de leurs actions, preuve que la crise impacte également celles fonctionnant majoritairement grâce au bénévolat ;
• Près de 15 % des associations augmentent la participation financière de leurs usagers, alors que le modèle associatif vise à rester accessible à tous, y compris aux publics non solvables.
Un réel impact sur l’emploi associatif
Pour les structures employeuses, le principal levier d’ajustement reste la réduction des dépenses en ressources humaines :
• 18 % ne remplacent pas les départs de salarié⸱e⸱s ;
• 16 % annulent ou retardent leurs recrutements ;
• 8 % mettent en place un plan de sauvegarde de l’emploi ou procèdent à des licenciements économiques ;
• 7 % ne remplacent pas les départs temporaires.
Seul un quart des associations excluent, pour l’instant, toute réduction de leur masse salariale. Pourtant, le secteur associatif représente 1,8 millions de salarié⸱e⸱s répartis dans 144 000 structures !
Au niveau départemental des Hautes Alpes
Depuis le début de l’année :
• certaines associations ont déjà dû mettre la clé sous la porte ;
• d’autres procèdent à des licenciements économiques ;
• d’autres n’ont aucune visibilité financière d’ici la fin de l’année ou l’année prochaine et sont susceptibles de fermer alors même qu’elles rendent des services essentiels au territoire et à ses habitants.
Les secteurs touchés par cette crise sont nombreux : petite enfance, insertion par l’activité économique, culture, développement local, développement social, accompagnement financier, etc.
Les mutuelles ne sont pas en reste car elles doivent répercuter les diminutions de remboursements de la SS sur leurs adhérents.
Ces incertitudes financières ont par ailleurs un impact fort sur l'engagement bénévole et les conseils d'administrations de ces structures, qui, manquant de visibilité, se retrouvent à bout de souffle et en difficulté pour porter un projet associatif au long court.
La baisse des financements et leur manque de visibilité à une échelle pluriannuelle ont des effets délétères directs sur les structures, les bénévoles et les équipes salariées.
Par ailleurs, il devient crucial de mieux financer l’ingénierie de projet, véritable colonne vertébrale de l’action associative. Face aux transformations des territoires – écologiques, économiques, sociales – les associations doivent pouvoir adapter leurs projets, innover dans leurs services, renforcer leur dialogue avec les collectivités et répondre efficacement aux politiques publiques. Un appui structurel à cette ingénierie (emplois, accompagnement, coordination) est indispensable pour garantir la continuité, la pertinence et la qualité des actions.
Trop souvent, les financements publics, sous couvert d’un rejet du “fonctionnement”, sont désormais orientés exclusivement vers l’investissement ou les appels à projets ponctuels. Cette logique exclut de fait le financement de l’ingénierie, de l’évolution des pratiques ou des transformations internes nécessaires pour répondre aux défis contemporains. Elle empêche l’adaptation des structures, fragilise les dynamiques émergentes et tend à renforcer les monopoles ou les acteurs déjà bien établis, au détriment de la diversité du tissu associatif local.
Pour faire face à cette crise, l’Udess 05 soutient les mesures préconisées au niveau national* et souhaite la mise en place d’un observatoire départemental de l’emploi dans l’ESS.
* Un appel à des mesures fortes
S’appuyant sur ces données, Le Mouvement associatif, Hexopée et le Réseau National des Maisons des Associations appellent à 7 mesures fortes de soutien aux associations pour leur permettre de faire face à la situation :
1. Simplifier les démarches bancaires des associations avec des outils adaptés à leurs modèles ;
2. Renforcer les acteurs de l’accompagnement qui interviennent auprès des associations (DLA, Guid’Asso), particulièrement en situation de procédure collective (Prev’Asso) ;
3. Fournir des données précises au monde associatif sur les baisses de financement en cours dans les collectivités territoriales ;
4. Donner davantage de visibilité financière aux associations ;
5. Développer les outils d’une gouvernance mixte du financement des associations à l’échelle nationale et locale ;
6. Renforcer les financements pour le monde associatif lors du prochain projet de loi de finance notamment du Fond de Développement de la Vie Associative en augmentant la part des comptes bancaires inactifs à 60%
7. Adopter une fiscalité davantage favorable aux associations.